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Tisseurs de liens

By 24 May 2016December 17th, 2018No Comments

Les acheteurs par nature se doivent d’accepter les écarts culturels et de tisser des liens entre nationalités différentes. A leur niveau et à leur rythme, ils contribuent à rapprocher les peuples.

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Alors qu’approchent les fêtes de fin d’année qui représentent pour beaucoup une aspiration à la paix universelle et que la communauté nationale est secouée par les terribles attentats de novembre à Paris, il est sans doute bon de rappeler que les acheteurs peuvent activement contribuer à tisser les liens entre les cultures.

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La mondialisation rapproche les peuples

Le commerce international a toujours d’une manière ou d’une autre favorisé le rapprochement entre les hommes. Et pourtant acheteurs et exportateurs ne poursuivent certainement pas les mêmes objectifs que l’ONU ! Vendre ou acheter à l’étranger répond d’abord à des mobiles lucratifs. N’en déplaise toutefois à Marx qui voyait dans le commerce un processus d’appauvrissement inéluctable, la mondialisation telle qu’on la vit depuis plus de cinquante ans a contribué à sortir des centaines de millions de gens de la pauvreté. Au-delà de la nécessité d’être en paix pour pouvoir commercer, la mondialisation met en contact des humains porteurs de cultures et de valeurs différentes, les amène à se comprendre et forcément à s’entendre. Or la peur de l’autre commence par l’incapacité à le comprendre, par l’ignorance de sa culture et de son passé. Et il n’y a qu’un pas entre la peur et la haine.

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Les acheteurs en sont les premiers artisans

Les acheteurs ont toujours été à la pointe du commerce international. Combien d’entre eux sont allés en Chine dès le début des années 90 bien avant que les exportateurs puissent y mettre un pied ? Les bureaux d’achats locaux permettent à une entreprise de se familiariser avec la culture et la manière de faire des affaires dans le pays. Ce sont parfois des sources d’information pour réaliser des premières opérations commerciales. Combien sont allés rechercher de nouvelles sources en Europe de l’Est dès le mur tombé ? L’achat de textile et plus tard de services (call centers, informatiques) ont commencé très tôt au Maghreb. Ces acheteurs sont les ambassadeurs de leur entreprise et aussi, volontairement ou non, ceux de leur propre culture. En y mettant un peu du leur, ils peuvent ouvrir les esprits et nouer des liens qui réduisent, pas à pas, l’ignorance et le rejet de l’autre.

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Se renfermer sur soi : une fausse piste

Maintenant il est de bon ton de remettre en question la mondialisation. Ne tuons-nous pas nos PME et, partant, notre économie en faisant appel à des fournisseurs étrangers qui n’offrent pas les mêmes garanties sociales ou environnementales que celles de nos compatriotes ? Ne vaut-il donc pas mieux  rester chez nous ? Et développer des écosystèmes locaux et  culturellement « homogènes » avec ses fournisseurs ? Ce serait oublier que tout écosystème se doit d’être ouvert sur l’extérieur, doit intégrer des solutions plus compétitives notamment de l’étranger ou s’y mesurer. Et en particulier, acheter en pays à bas coûts, c’est non seulement permettre à des pays de se développer et de devenir nos clients, c’est aussi nous pousser vers nos avantages compétitifs. Se refermer sur des solutions nationales par principe me paraît être aussi dangereux que d’acheter en pays à bas coût de main d’œuvre par dogmatisme.

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Créer une communauté internationale au sein de l’entreprise

Pour les acheteurs, tisser des liens ne se limite pas à ses fournisseurs. La Fonction Achats a vocation à globaliser dès que cela est possible en regroupant des BUs ou filiales, souvent de pays différents. Casser les silos et les frontières entre entités qui achètent. Pour une Fonction Achats Groupe, il s’agit aussi d’animer une communauté d’acheteurs, de favoriser les bonnes pratiques en allant conduire des formations achats (en Irak s’il le faut, comme je l’ai vu récemment faire), de déployer une éthique des affaires quel que soit le pays.

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Créer une communauté, rapprocher les cultures, accepter les différences, tisser des liens… C’est en cela que les acheteurs peuvent être aussi des artisans de paix.

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