En ces temps de crise sanitaire, le confinement et la fermeture des frontières désignent implicitement la mondialisation comme coupable. Devons-nous nous « démondialiser » ?
L’opposition à la mondialisation n’est pas nouvelle mais l’arrivée de Chine du Coronavirus COVID-19 ne fait qu’accentuer la tendance.
Tout le monde semble en vouloir à la mondialisation. Certains parce qu’elle représente les mouvements de capitaux sans âme ni patrie qui se sont emballés aux XXème siècle et que la crise de 2008 a douchés. D’autres parce qu’ils déplorent l’adoption d’une culture uniforme qui nivelle toutes les cultures locales. Les films américains envahissent ainsi le monde (montant des exportations : 17Mrds$ contre 360M€ pour les exportations de films français). Il y a eu des précédents – le 4ème siècle avant notre ère avait déjà vu la culture grecque dominer le monde connu de l’époque – mais cela en irrite plus d’un.
Troisième aspect de la mondialisation : le mouvement des personnes. Là aussi rien de neuf sur le fond, car l’homme a toujours eu la bougeotte. Les premiers hominidés n’ont-ils pas envahi le monde depuis le grand rift africain ? Mais il leur avait fallu un ou deux millions d’années. La rapidité et l’ampleur des mouvements d’aujourd’hui surprend. Alors qu’il y avait eu 25 millions de touristes en 1950, ils étaient déjà 500 millions en 2000 et 1,4 Milliard l’an passé.
Quatrième dimension de la mondialisation, l’explosion des exportations de biens stupéfait : leur valeur a été multipliée par 330 depuis 1950 ! Jusqu’à peu, les échanges internationaux croissaient deux fois plus vite en moyenne que les PIB. La mondialisation est un fait à multiples facettes.
La crise actuelle a mis crument deux faits en exergue : la circulation des personnes a accéléré la diffusion de la maladie et la dépendance de certains pays à l’égard des importations d’équipement sanitaire (masques, tests, respirateurs) les a trouvés privés de moyens de la combattre. Est-ce une raison pour limiter la circulation des personnes et les achats à l’étranger hors temps de crise?
Pour nous concentrer sur le deuxième point, qui est davantage du ressort des Achats, la remise en cause d’une supply chain mondiale date déjà de quelques années avec le renforcement de deux tendances de fond : d’un côté l’exacerbation des nationalismes qui se traduit par un sursaut du protectionnisme et de l’autre par l’importance croissante de la Responsabilité Sociale de l’Entreprise.
La mondialisation dans les mains de l’acheteur
Du point de vue de l’acheteur, l’érection de nouvelles barrières douanières s’intègre dans son analyse du risque fournisseur. La mondialisation de ses approvisionnements présentera toujours un risque tant que le multilatéralisme incarné par l’OMC n’aura pas triomphé et que le sentiment d’appartenance des individus se situera avant tout à l’échelle des pays. Il ne s’agit pas d’un élément nouveau en soi mais bien plutôt d’un déplacement de curseur : la géographie présente un risque croissant.
La RSE peut constituer un autre frein à la mondialisation de ses approvisionnements. Les critères RSE sont maintenant bien intégrés dans l’évaluation des fournisseurs et les entreprises disposent de toujours plus de moyens (même s’ils sont encore insuffisants) de vérifier que leur fournisseur étranger est conforme à leurs exigences. Quant à l’urgence climatique, les Achats devront contribuer davantage aux efforts de leur entreprise pour y répondre. Néanmoins, dans le monde industriel, ces efforts porteront davantage sur le design des produits et leur recyclabilité plus que sur le coût environnemental du transport des composants (hors pondéreux bien sûr). Pour les entreprises tertiaires, les efforts portent d’abord sur les modèles de consommation que sur l’origine des biens consommés pour leur fonctionnement. Même si cela est appelé à évoluer et contrairement au B2C (pensez au raisin importé de pays exotiques en avril !) l’origine des biens importés n’est pas encore un véritable obstacle à une politique climatique de l’entreprise. En outre, les acheteurs ne devraient jamais oublier que le commerce de biens a toujours constitué un lien puissant entre les hommes à travers les frontières et qu’il a sorti des centaines de millions d’individus de la misère.
La mondialisation n’est pas une maladie. Les Achats ont un rôle important à jouer pour la pratiquer avec raison en évitant toute position dogmatique.
Chez TOLSON, nous voulons combattre la crise actuelle avec ce que nous savons faire le mieux : faire travailler les gens entre eux, les amener à échanger pour surmonter les difficultés et progresser ensemble.