Ne nous claquemurons pas dans notre expertise. Rendons le métier des achats compréhensible à toute l’entreprise pour qu’elle devienne « intelligente en achats ».
Imaginez. Vous êtes un responsable achats qui allez dire à votre direction générale que vous voulez rendre toute son organisation intelligente en achats. Vous pourriez avoir en retour un sourire entendu du genre « arrêtez de vous surmener » ou bien « décidément ces acheteurs nous étonneront toujours ». On pourrait aussi vous demander un peu plus d’explications. Pour ce faire, revenons aux définitions. L’intelligence est la faculté de comprendre et de s’adapter. Le mot vient d’intellegere. Le préfixe inter (entre) et le radical legere (choisir) ou ligare (lier) sous-entendent l’aptitude à relier des éléments et à choisir. Ne trouvez-vous pas que tout cela s’applique bien à l’activité d’un bon acheteur ? Comprendre le besoin et comprendre le marché, les analyser, jongler avec quelques concepts, lier les faits entre eux, faire montre de créativité et prendre la juste décision… voilà qui donne un beau début à une démarche achats, non ?
Alors pourquoi rendre toute une entreprise « intelligente en achats » ?
Parce que tout le monde dans l’entreprise échange avec des fournisseurs et que même si les achats sont les responsables du processus ils ne peuvent prétendre en avoir l’exclusivité. Toutes les entreprises ont maintenant bien intégré l’expertise et le savoir-faire nécessaires pour mener à bien des achats. Mais il ne s’agit surtout pas de déposséder les opérationnels de la relation fournisseurs. Tous ceux qui engagent des dépenses doivent comprendre les enjeux achats et les éléments clefs d’un besoin optimisé et d’une relation fournisseur enrichissante.
Tentons un parallèle avec l’innovation. Ce n’est pas avec un mode d’emploi, un concours à la meilleure idée et une remise de prix – avec une médaille en faux bronze et / ou un bon de week-end pour deux dans un hôtel de charme – que vous développerez une culture de l’innovation. Il s’agit de faire en sorte que chaque manager identifie, évalue, donne les moyens de transformer l’innovation en un résultat concret et mesurable. Avec pédagogie, détermination et constance, l’innovation finit par rentrer dans l’ADN de l’entreprise. C’est ce à quoi on doit arriver avec les éléments clefs de bonnes pratiques achats. Y parvenir, c’est rendre la relation entre acheteurs et prescripteurs forcément plus riche et créatrice de valeur.
Facile à écrire, mais comment faire ?
Cela commence par une direction achats convaincue et surtout convaincante notamment auprès de la direction générale qui doit chaperonner l’approche. Ensuite une démarche de sensibilisation et de pédagogie des interlocuteurs des acheteurs constitue l’axe majeur qui va rendre l’entreprise «intelligente en achats». Mais on voit mal comment envoyer l’ensemble des managers suivre des cours sur les achats. Il s’agit donc de profiter de points de contact avec les opérationnels et d’adopter une posture délibérément pédagogique. En parlant le langage du business, en épousant ses objectifs et en expliquant la démarche achats, on permet aux managers opérationnels d’intégrer des réflexes achats. Par exemple, quoi de plus pédagogique que de présenter à un patron d’activité la stratégie achats bien construite d’une catégorie qui représente un enjeu fort pour lui ? Les achats assoient ainsi leur légitimité tout en développant chez l’opérationnel des fondamentaux qui rendront l’entreprise plus mature – plus intelligente en achats.