Les Directeurs Achats qui me parlent de leur mesure de performance achats (MPA) s’arrachent souvent les cheveux : les économies achats sont contestées parce qu’elles ne se retrouvent pas dans l’EBITDA, le Management de l’entreprise ne comprend pas la plupart des indicateurs utilisés, les acheteurs rechignent à faire un reporting qui leur prend du temps et qui, finalement, ne les aide pas beaucoup dans leur mission. Un écheveau qui se laisse démêler pour autant qu’on prenne le temps de segmenter les choses.
Commençons avec une question simple : que cherche-t-on à faire avec une MPA ? Et pour être encore plus précis : à qui destine-t-on l’information ?
Grosso modo, je distinguerais deux objectifs principaux : le pilotage de la Fonction Achats d’un côté dont le principal intéressé est la Direction Achats et le reporting de la valeur créée par la Fonction de l’autre – que la Direction de l’entreprise ou celle des BUs devrait exiger.
Quels indicateurs utiliser dans ce deuxième cas ?
Pour faire court, ceux qui sont les mieux en ligne avec la stratégie de l’entreprise.
A quoi bon, par exemple, s’échiner à calculer à l’euro près et diffuser avec fierté des économies achats dans une entreprise dont les innovations technologiques sont le moteur stratégique ? On ferait mieux, dans ce cas, de mesurer le nombre de co-développements avec des fournisseurs et leur impact sur le business. Si la réduction des coûts d’achats est centrale dans la mission de la Fonction, il s’agira alors de suivre des économies qui puissent être clairement liées avec l’EBITDA. A moins de disposer d’une armée de contrôleurs de gestion dédiés, on veillera à se concentrer sur les principaux facteurs.
Pour ce qui est du pilotage, on parle alors davantage de la mesure de la performance des acheteurs : là tout est possible et d’une certaine manière plus facile. Il s’agira de quantifier les objectifs donnés aux acheteurs. Soit des objectifs liés aux résultats (économies, qualité, baisse du BFR) ou des objectifs liés au process achats (taux d’utilisation des outils, taux de renouvellement du panel fournisseurs, sourcing en pays low cost…). En tant qu’indicateur de pilotage, le calcul des économies s’affranchit du lien à l’EBITDA : les gains sur Capex par exemple sont pleinement pris en compte ainsi que les coûts évités aussi (pour autant qu’ils peuvent être démontrés).
Voilà une segmentation de la Mesure de la Performance Achats qui devrait épargner quelques cheveux arrachés.
Maintenant : comment à partir de la MPA construire un tableau de bord ? Mais ça c’est un autre sujet.