Voilà ce que me disait récemment une étudiante, vive d’esprit et sympathique, en stage dans une grande entreprise.
Cette déclaration, candide et spontanée, m’a plongé dans un abîme de perplexité : comment donc interpréter cela ?
Travailler le week-end est une décision éminemment personnelle, comme la gestion de son temps de travail en général. Cela tient à toutes sortes de facteurs :
- capacité à prioriser ses tâches, à maitriser son temps, à gérer les demandes de ses interlocuteurs ;
- épaisseur de la cloison qu’on veut mettre entre sa vie professionnelle et sa vie personnelle ;
- niveau d’engagement qu’on est prêt à mettre dans son travail – par ambition ou par nécessité ;
- l’entreprise ou l’équipe pour laquelle on travaille : sa culture en matière de temps libre, son rythme et le niveau de sollicitation auquel on est soumis.
Mais pourquoi donc notre jeune étudiante a pensé que d’une manière générale les Achats lui permettraient de préserver ses week-ends ?
Sans doute parce que les Achats peuvent paraître plus faciles à beaucoup de gens. Est-ce qu’il ne suffit pas après tout d’attendre le fournisseur et de négocier sa proposition – à contrario du vendeur qui doit courir après des clients et des contrats. Autrement dit, un acheteur serait plus à même de maîtriser le temps par la seule nature du rapport client-fournisseur.
Mais c’est méconnaître la réalité des achats. D’abord, les Achats ont a minima pour mission de sécuriser la fourniture des biens et services en temps et en qualité. Cette dimension opérationnelle est souvent assumée par les mêmes acheteurs qui mènent les consultations et… elle se joue des dimanches et des jours fériés. D’autant plus que les effectifs achats sont comptés et les ressources généralement limitées.
Mais même dans les entreprises dans lesquelles les acheteurs sont affranchis des approvisionnements, l’acheteur a tout à gagner à vivre au rythme des opérations. Chercher systématiquement une solution innovante, fouiller inlassablement le marché fournisseurs, témoigner d’une exigence rigoureuse avec ses fournisseurs etc… il n’est pas facile pour l’acheteur impliqué de poser son stylo en déclarant tout son travail fait.
Voilà donc la vraie menace des week-ends de notre future acheteuse. Je parie qu’elle trouvera dans ce métier l’enthousiasme et l’envie qui la feront travailler un peu le week-end … et sans regret.