News

Buzz et pschitt

By 28 September 2015December 17th, 2018No Comments

Attention aux sujets à la mode ! Il s’agit de bien les comprendre et les évaluer avant de les endosser.

 

Comme toute activité humaine, la gestion d’entreprise n’est pas à l’abri de modes. Elles reflètent les mouvements d’opinion ou les innovations et se fondent dans l’air du temps. Elles se nourrissent des craintes des managers de manquer quelque chose et trouvent une caisse de résonnance chez les consultants qui offrent leur expertise pour que leurs clients demeurent « best in class ». Malgré leur légendaire capacité à prendre du recul sur les choses, les sujets à la mode peuvent aussi faire fleurette chez les acheteurs. La difficulté consiste à distinguer parmi les sujets qui font le buzz ceux qui font pschitt de ceux qui doivent entrer de plain-pied dans une politique achats. Deux exemples qui n’ont rien à voir l’un avec l’autre me viennent à l’esprit : la RSE et la Digitalisation de l’Entreprise.

 

La RSE à adopter avec discernement dans les Achats

La Responsabilité Sociétale de l’ Entreprise, d’abord, est supposée faire partie intégrante du quotidien des managers. Enjeu majeur, elle prend toute sa place dans le rapport annuel et dans la communication corporate des entreprises. Les Achats se sont bien approprié le sujet, mais qui pourrait dire qu’elle en constitue l’un des axes prioritaires? Les Directions Achats qui ont un responsable de la RSE en font parfois le constat : quand celui-ci adopte une attitude dogmatique sur le sujet, il finit par subir des arbitrages en faveur de sujets « cœurs », davantage reconnus: les coûts, la qualité, l’innovation, les risques etc. Certes il fait progresser le sujet, mais pas d’appropriation par les équipes quand le sujet « flotte » entre un semblant de morale, du politiquement correct et la seule exigence de la communication institutionnelle. Inversement, la RSE s’installe tout naturellement aux Achats quand elle se focalise sur un ou deux chevaux de bataille soit en ligne avec la stratégie de l’entreprise ou en pleine adéquation avec ses missions. Ainsi, l’élément le plus répandu semble être le risque d’image lié à des fournisseurs peu respectueux des exigences légales, sociales ou éthiques. Ce sujet a toute sa place dans la gestion des risques fournisseurs. Autre sujet délicat : les relations avec les PME (surtout quand elles ne sont pas considérées comme « innovantes »). Il s’agit là de défendre un tissu économique local ce qui ne prend son sens que quand l’entreprise en vit et en fait un axe stratégique. Donc la RSE se transforme en sujet central dans les Achats par initiatives bien ciblées.

 

La Digitalisation de l’Entreprise pour votre budget « outils »

La Digitalisation de l’Entreprise est un sujet à la mode plus récent. Il y a maintenant des « Chief Digital Officers », des conférences et des dizaines d’articles sur le sujet et on se demande légitimement comment les achats participent à ce sujet dans le vent. Pour lui donner un peu corps, il convient de rappeler qu’on met dedans trois grands phénomènes technologiques distincts : les objets connectés, les mégadonnées (Big Data) et la rupture d’un modèle d’affaire lié à Internet (dont Uber et Airbnb sont les exemples les plus fameux). Ceux qui ont construit (dont votre serviteur) à coups d’eSourcing, et d’eProcurement la digitalisation des Achats il y a plus de 15 ans, pourraient se sentir les légitimes précurseurs de la Digitalisation de l’Entreprise. Et rien n’empêche de surfer sur la mode de la Digitalisation de l’Entreprise pour faire passer l’automatisation complète du flux « P2P » par exemple dans un budget. Mais il s’agit d’abord d’opportunisme malin dans un esprit d’amélioration continue. Sur le fond, on ne voit pas trop aujourd’hui une rupture dans le lien commercial avec les fournisseurs ou dans la manière de mener ses achats qui s’approche de près ou de loin à la rupture vécue dans le B2C.

 

Au total, on s’attachera à discerner dans les sujets dont on parle ce qui a un lien à la stratégie de son entreprise ou ce qui modifie profondément sa manière de travailler avant de les prendre à son compte.

 

Leave a Reply