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A rebrousse-poil

By 16 May 2017February 20th, 2019No Comments

Et si on prenait les problèmes quotidiens des Achats à l’envers ? Plus qu’un exercice de style, voilà une manière salutaire de réfléchir « outside the box » !

Tout acheteur digne de ce nom connaît ses irritants : pas de bonne visibilité sur ce qu’on dépense (ah si seulement les bonnes références de catégorie étaient saisies à la commande ! ah si nous n’avions qu’un ERP ! …), des dépenses sans bon de commande, des utilisateurs qui rechignent à remettre en concurrence leur fournisseur traditionnel, des financiers qui remettent en cause la performance économique des achats, des dépenses d’indirects qui échappent aux acheteurs…

Et si après tout, nous lâchions prise ? Et si nous consacrions les ressources usées à tenter de résoudre ces sempiternels problèmes à autre chose ? Alors pour nous en affranchir ou tout au moins nous donner bonne conscience, prenons le contrepied de quelques-unes de nos convictions – avec juste ce qu’il faut de mauvaise foi. Changeons de point de vue et faisons donc l’exercice avec deux d’entre elles.

Connaître le montant de dépense par catégorie ne sert à rien

Demander à des utilisateurs de renseigner la bonne référence de catégorie quand ils passent commande est difficile parce qu’ils n’en tirent aucun intérêt pour eux-mêmes – connaître le montant total de dépense dans cette catégorie est le cadet de leurs soucis. Rapprocher des données d’achat de deux entités différentes avec des environnements informatiques hétérogènes pour les consolider est un défi permanent. On croit l’avoir fait une fois pour toute à force de stagiaires et de prestataires agiles et très vite il faut le refaire. En fin de compte, le coût réel de l’information est exorbitant.

Mais quelle en est la valeur ? A-t-on besoin du montant précis des dépense d’une catégorie pour en établir la stratégie achat ? Ne vaut-il pas mieux passer son temps à comprendre intimement le besoin de l’entreprise, à faire faire une étude approfondie du marché fournisseurs, à mener des sessions de brainstorming avec les utilisateurs et les fournisseurs pour imaginer une nouvelle chaine de valeur plutôt que d’essayer d’aligner des chiffres exacts de dépense ? Après tout une vague estimation, sur la base du facturé des principaux fournisseurs suffit largement à appréhender les enjeux de la catégorie ! Et nous demandons sans aucune gêne à nos plus gros fournisseurs le chiffre d’affaire qu’ils réalisent avec toutes les entités de notre groupe, car nous avons laissé loin dernière nous les discussions de RFA et ne pensons qu’à augmenter nos ventes grâce à eux. Arrêtons donc de nous fatiguer sur du « spend analysis » et du « data cleansing » !

Calculer le montant des économies achats est une chimère et dessert les Achats

Que vaut vraiment le montant d’économie achat sur la réalisation d’un projet ? sur l’achat d’un Capex ? Comment tenir compte des variations de stocks, de taux de change, de volumes… Et même sur des produits récurrents : sommes-nous sûrs qu’ils seront effectivement commandés par les utilisateurs et que l’économie négociée sera effective? Pire que cela, l’accent mis sur l’économie achat monte l’acheteur contre le prescripteur ou l’utilisateur en faisant diverger leurs objectifs respectifs.

S’il s’agit de mesurer la performance d’un acheteur, il vaut bien mieux regarder en tant que manager, outre son professionnalisme, ses qualités de leadership auprès de ses interlocuteurs internes et externes, sa capacité à trouver de nouveaux fournisseurs et de nouvelles solutions.

S’il s’agit de mettre en avant avec des chiffres d’économies la valeur des achats auprès du top management, alors on se trompe de combat ! A l’heure où les entreprises focalisent leurs efforts sur leur propre transformation et sur des offres de services ou de produits nouveaux, à quoi bon continuer à agiter des chiffres d’économies achats sur des produits récurrents du passé ? Il vaut bien mieux mettre en avant la contribution de fournisseurs à la bonne réalisation de marchés, à la construction de nouvelles offres etc.

Je l’admets : tout ce qui précède est largement contestable… mais pas complètement faux non plus ! Voilà qui devrait tout de même nous faire réfléchir à l’allocation de nos ressources achats. N’hésitez pas à me faire part dans les commentaires d’autres principes achats traditionnels que vous jugez bons pour le bûcher des idées nécrosées !

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